@inproceedings{helmy-ibrahim-2002-maurice,
title = "Maurice Gross : une refondation de la linguistique au crible de l{'}analyse automatique",
author = "Helmy Ibrahim, Amr",
editor = "Pierrel, Jean-Marie",
booktitle = "Actes de la 9{\`e}me conf{\'e}rence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles. Conf{\'e}rences invit{\'e}es",
month = jun,
year = "2002",
address = "Nancy, France",
publisher = "ATALA",
url = "https://aclanthology.org/2002.jeptalnrecital-invite.1",
pages = "5--30",
abstract = "Qu{'}il s{'}adresse {\`a} un Prix Nobel ou {\`a} un {\'e}tudiant de premi{\`e}re ann{\'e}e Maurice Gross ne craignait jamais d{'}{\^e}tre trop {\'e}l{\'e}mentaire. C{'}{\'e}tait {\`a} chaque fois comme si, entreprenant d{'}{\'e}crire un livre de math{\'e}matiques il ne pouvait rien d{\'e}montrer avant d{'}avoir reconstruit les donn{\'e}es les plus primitives du calcul et du raisonnement qui l{'}accompagne. Et il arrivait souvent que ceux qui l{'}{\'e}coutaient ou le lisaient pour la premi{\`e}re fois, manquant par leur impatience le d{\'e}tail qui faisait que ses {\'e}vidences n{'}avaient rien d{'}{\'e}vident, s{'}imaginent qu{'}il les prenait pour des imb{\'e}ciles. Parce qu{'}il avait l{'}expression litt{\'e}raire et philosophique, la langue du style, la forme de l{'}{\'e}motion, dans les tripes {--} il pouvait citer sans discontinuer des po{\`e}tes fran{\c{c}}ais ou anglais du XVIe si{\`e}cle {\`a} nos jours et discuter longuement des formulations exactes d{'}un Ren{\'e} Descartes ou d{'}un Charles Sanders Pierce, deux de ses deux philosophes pr{\'e}f{\'e}r{\'e}s - il n{'}a jamais fait recette aupr{\`e}s des litt{\'e}raires, des psycho-socios, des s{\'e}mio-machins, des politiques et des pouvoirs acad{\'e}miques chez qui le raccourci, la connotation, le clin d{'}oeil, dont tout le monde a oubli{\'e} sur quelles complicit{\'e}s exactes ils se fondent, tiennent lieu de d{\'e}couverte quand ce n{'}est pas de pens{\'e}e. La complexit{\'e} qui l{'}int{\'e}ressait {\'e}tait d{'}une tout autre nature et autrement plus complexe. Elle avait pour horizon la phrase simple. M{\^e}me pas l{'}{\'e}nonc{\'e}, juste la phrase. Et simple c{'}est-{\`a}-dire constitu{\'e}e d{'}une seule proposition. Contrairement {\`a} ceux qui voyaient dans les processus de r{\'e}cursivit{\'e} propositionnelle {--} relatives notamment {--} une source de complexit{\'e} et de cr{\'e}ativit{\'e}, il y voyait un m{\'e}canisme tr{\`e}s banal1. La vraie complexit{\'e}, celle qu{'}aucune machine construite {\`a} ce jour ne contr{\^o}le vraiment, il l{'}a expos{\'e}e avec une simplicit{\'e} d{\'e}sarmante en un peu moins de deux pages au d{\'e}but de M{\'e}thodes en syntaxe (1975: 17-19) dans le chapitre intitul{\'e} La cr{\'e}ativit{\'e} du langage. Elle porte sur les combinaisons possibles ou impossibles au sein d{'}une structure de neuf constituants formant une phrase simple. Mais ces possibilit{\'e}s {``}limit{\'e}es {\`a} 1050 cas{''} et qui peuvent donc {``}{\^e}tre consid{\'e}r{\'e}es comme intuitivement infinies{''} sans qu{'}il soit n{\'e}cessaire {``}de faire appel {\`a} des m{\'e}canismes infinis pour rendre compte de leur richesse{''} ne sont qu{'}un horizon virtuel.",
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<title>Maurice Gross : une refondation de la linguistique au crible de l’analyse automatique</title>
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<title>Actes de la 9ème conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles. Conférences invitées</title>
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%X Qu’il s’adresse à un Prix Nobel ou à un étudiant de première année Maurice Gross ne craignait jamais d’être trop élémentaire. C’était à chaque fois comme si, entreprenant d’écrire un livre de mathématiques il ne pouvait rien démontrer avant d’avoir reconstruit les données les plus primitives du calcul et du raisonnement qui l’accompagne. Et il arrivait souvent que ceux qui l’écoutaient ou le lisaient pour la première fois, manquant par leur impatience le détail qui faisait que ses évidences n’avaient rien d’évident, s’imaginent qu’il les prenait pour des imbéciles. Parce qu’il avait l’expression littéraire et philosophique, la langue du style, la forme de l’émotion, dans les tripes – il pouvait citer sans discontinuer des poètes français ou anglais du XVIe siècle à nos jours et discuter longuement des formulations exactes d’un René Descartes ou d’un Charles Sanders Pierce, deux de ses deux philosophes préférés - il n’a jamais fait recette auprès des littéraires, des psycho-socios, des sémio-machins, des politiques et des pouvoirs académiques chez qui le raccourci, la connotation, le clin d’oeil, dont tout le monde a oublié sur quelles complicités exactes ils se fondent, tiennent lieu de découverte quand ce n’est pas de pensée. La complexité qui l’intéressait était d’une tout autre nature et autrement plus complexe. Elle avait pour horizon la phrase simple. Même pas l’énoncé, juste la phrase. Et simple c’est-à-dire constituée d’une seule proposition. Contrairement à ceux qui voyaient dans les processus de récursivité propositionnelle – relatives notamment – une source de complexité et de créativité, il y voyait un mécanisme très banal1. La vraie complexité, celle qu’aucune machine construite à ce jour ne contrôle vraiment, il l’a exposée avec une simplicité désarmante en un peu moins de deux pages au début de Méthodes en syntaxe (1975: 17-19) dans le chapitre intitulé La créativité du langage. Elle porte sur les combinaisons possibles ou impossibles au sein d’une structure de neuf constituants formant une phrase simple. Mais ces possibilités “limitées à 1050 cas” et qui peuvent donc “être considérées comme intuitivement infinies” sans qu’il soit nécessaire “de faire appel à des mécanismes infinis pour rendre compte de leur richesse” ne sont qu’un horizon virtuel.
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[Maurice Gross : une refondation de la linguistique au crible de l’analyse automatique](https://aclanthology.org/2002.jeptalnrecital-invite.1) (Helmy Ibrahim, JEP/TALN/RECITAL 2002)
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